Le GRP vu de l'intérieur:
Après 2 ans d'attente et une certaine apréhension, me voilà de retour sur la ligne de départ du 80 kms du GRP, édition 2014. C'est avec beaucoup d'engouement que j'attendais ce moment...mais aussi une certaine inquiétude : Vais-je parvenir à passer le fameux cap de Tournaboup après 51 kms et 3600m de dénivellé? Point au lequel j'avais abandonné pour des soucis de digestion et de maux de tête intenses...
4h50... Je prépare mes ultimes victuailles dans mes différents compartiments du sac à dos, à portée de main. Je me positionne comme à mon habitude sur les trails longs : dans les derniers, position qui me porte chance ces temps ci. Mais je ne m'en fais pas... 80 kms seront suffisament longs pour remonter petit à petit sur bon nombre de concurrents. Je déplie mes nouveaux bâtons avec lesquels 1 mois et 1 semaine avant j'ai bouclé le grand trail de la vallée d'Ossau (70 kms/4500m de dénivellé). Et là me reviennent en tête les nombreux trails que j'ai pu réaliser durant cette saison, avec des conditions pas toujours très favorables, et qui ont fortement contribués à ma préparation physique et mentale pour ce GRP.
4h55... Feu d'artifice sur le petit pont de Vielle Aure. Je trouve ces quelques minutes interminables...
Il est 5h : coup de cornemuse annonçant le départ.
Rien ne sert d'allumer la frontale puisque nous sommes 1143 à avoir pris le départ et à illuminer la nuit de ce 23 août sur la montée en laçets du Pla d'Adet; gardons la pour ce soir car je ne sais pas à quelle heure je vais rentrer, même si dans ma tête je me dis : "David, rentre avant la nuit"!
Je double certains concurrents qui sont déjà fortement essouflés, ils sont pas encore arrivés!
7h51 - 649/1143 : J'arrive au Merlan où m'attend mon père! Je ne m'y attarde pas. Nous ne sommes qu'au début.
Nous attaquons les choses sérieuses et nos belles Pyrénées se découvrent avec ses beaux lacs (lac de l'Oule et lac du Bastan). Mais avec ses montées raides et techniques avec beaucoup de pierres instables.
Nous passons un col d'où nous apercevons face à nous le Pic du Midi découvert, le beau temps est au rendez-vous cette année!
La descente vers Artigues est tout aussi technique. Seulement vers la fin nous trouvons de l'herbe grasse pour ménager les articulations de mes genoux.
11h33 - 611/1143 : Artigues - C'est les bouchons au ravito, dans cette zone encaissée! Mais je sais qu'à partir de ce 30ème les choses se corsent...
Après ce ravitaillement, la montée vers le col du Sencour est longue et rude mais je me sens en forme. Je continue ma progression dans le classement en doublant encore beaucoup de monde, déjà attaqué, dans cette montée. Nous sommes à peine à la moitié.
14h25 - 533/1143 : Pic du Midi où je me sens bien et encore mieux en regardant dans la direction de la brèche de Roland et je regarde juste à côté un gros amas blanc se distingue : c'est là que je me dis : c'est la glaçier du Vignemale, du haut de ses 3298m où j'étais 1mois 1/2 avant. Cette vue m'a rappelé de très bons souvenirs de la course du Vignemale et m'a redonné un bon coup de boost!
Me voilà reparti dans la descente du Col du Sencour et Tournaboup où je me dis "Ménages toi, la route est encore longue".
15h54 - 507/1143 : Entrée Tournaboup - J'arrive à Tournaboup à sec d'eau. Je reprends des forces en m'assayant et en mangeant un peu mais pas de pâtes cette fois !
16h18 - 518/1143 : Sortie Tournaboup - J'ai trop papoté avec la famille qui m'attendait...Oups! 25 minutes d'arrêt, il est temps de repartir!
A peine reparti, je sens un coup de mou. Je m'alimente en sucré mais ça a du mal à passer; mais je continue ttuku ttuku ma progression en m'accrochant à des concurrrents que j'aperçois au loin. J'arrive au ravitaillement en eau à la cabane d'Aygues Cluses (57ème kms), le coup de mou est passé et je me sens de nouveau en forme, encore plus en voyant pas mal de coureurs allongés, en train de se reposer.
Je ne m'y attarde pas et je repars en ayant fait le plein d'eau tout en sachant que l'arrivée est de plus en plus proche et que je commence à attaquer la dernière montée raide.
Je redescends tranquillement de la Hourquette Nere (2455m d'altitude) vers le col du Portet où là encore je double pas mal de coureurs.
20h24 - 434/1143 : Restaurant Merlans - Col du Portet. Nous sommes déjà passés par là ce matin...mais ça me paraît bien loin. Dernier ravitaillement où je m'alimente en soupe chaude car je sens la fraîcheur de la soirée arriver.
Je me sens encore fort. La descente vers Vielle Aure se fait dans la nuit. Je ramasse à la petite cuillère un bon nombre de frontales allumées!
22h10 - 382/1143 : ARRIVEE - Malgré ma descente assez rapide sur Vielle Aure, je n'ai pas réussi à rentrer en moins de 17h; ce sera mon seul regret de cette belle journée du 23 août 2014...C'est un grand soulagement. Je suis bien arrivé, en forme, pas de blessures et pas trop attaqué après ces 80kms/5000m D+ en 17h06... Je pense déjà à mon prochain objectif : toujours plus de kms et de dénivellé afin de repousser mes limites.
A+
David